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Le jour ou il est arrivé. Certains de vous s’en souviennent peut-être. Il est venu en Orneval directement des Terres des Elfes, là haut, loin au nord-est, depuis Quel’Thalas. Il y avait séjourné deux ans après sa formation, vivant le plus simplement possible, rendant service tant que son pouvoir chamanique le lui permettait. Au cours du troisième mois de sa présence, il avait fait connaissance avec une Elfe paraissant jeune mais loin de l’être, qui s’était échappée de l’emprise qu’Illidan exerçait sur le protecteur de son peuple, Kael’Thas Haut-Soleil. Le jour de leur rencontre, elle était tristement assise face à la mer, regardant vers l’horizon sans le voir, murmurant quelques chansons connues d’elle seule, s’adressant au souvenir d’une personne disparue. Après plusieurs observations minutieuses déguisé de sa forme de loup fantomatique et tapit au pied d’un épais buisson, il s’avança vers elle, reprenant sa forme imposante de Tauren. Mais l’Elfe n’était pas craintive et elle l’accueillit avec un sourire forcé, partagée entre son envie de solitude et l’interrogation de voir un tel être sur les terres presque dépourvues de magie de sa propre race. Un long moment, ils restèrent muets. Ils étaient de parfaits inconnus l’un pour l’autre, mais le long silence sembla leur en apprendre beaucoup plus que s’ils avaient conversé. De la puissante magie qui coulaient dans leur veines, ils apprirent presque tout l’un de l’autre. Lui n’avait pas grands souvenirs de son enfance, à part quelques songes étranges d’un monument avalé par les flammes, les silhouettes d’une famille sans identité. Il avait été recueilli, soigné, puis initié à la voie de la magie des Chamans, car telle était sa destinée. Le bijou que ses sauveurs avaient trouvé à son cou indiquait son appartenance à une ancienne famille dont il devait être le digne descendant. Il ne savait presque rien de ses parents, mis à part ce que les Anciens de sa tribu d’accueil avaient pu lui révéler. Que son père était un grand Druide, sa mère une grande Chamane, qu’à cause de leurs pouvoirs et des missions qu’ils avaient personnellement effectuées pour le chef de guerre ils étaient souvent recherchés, traqués, et pas seulement par l’Alliance dont ils étaient de brillants ennemis. Malgré son jeune âge, il avait des traits de sagesse infinie, des marques d’un lourd passé, et trop d’histoires en tête. Beaucoup trop. Certainement pas autant qu’elle, cependant, car elle pouvait se vanter d’être née bien avant les parents disparus du Tauren. La magie du Feu, du Givre et des Arcanes coulaient dans ses veines, dans son âme, dans tout son être. Son visage paraissait si jeune, et pourtant elle avait connu bien des batailles. Elle était esseulée depuis peu, depuis qu’elle s’était arrachée aux troupes de son sauveur, par lequel elle avait été renommée «Elfe de Sang ». En son fort intérieur, elle restait Haute-Elfe, peuple dont il ne restait que très peu de représentants. Elle avait combattu pour son Prince et enduré des souffrances qui n’étaient pas visibles pour l’œil insensible à la magie. Malgré la brise douce et chaude qui circulait sur la plage à la sortie du Bois des Chants Eternels, elle avait gardé quelques atours épais, souvenirs de sa dernière campagne dans les plaines gelées du Norfendre. Ses yeux brillaient du même vert que ceux de tous les Elfes, cette couleur démontrant leur soif éternelle de magie, et elle n’en était que renforcée par la claire blondeur de sa chevelure tombant en cascade jusqu’au sol ou elle était accroupie. Plusieurs heures passèrent ainsi où ils se dévisagèrent sans se regarder, où ils firent connaissance sans se parler, où ils apprirent les peines l’un de l’autre sans que leur cœur eut à en souffrir. Ils se révélèrent leurs noms, seule emprunte magique qu’ils ne pouvaient déceler chez l’autre. Elle se nommait Idrianne, lui Fenh. Un patronyme ? Ils n’en avaient guère besoin pour s’identifier de nouveau. A la suite de cet événement peu commun, ils devinrent amis. Fenh pu remettre un peu de compagnie dans le cœur glacée de l’Elfe, et Idrianne en fit de même. Ils vécurent ainsi pendant deux longues années, se visitant chaque jour, faisant découvrir à l’autre sa vision et son utilisation de la magie, l’Elfe offrant au Tauren des centaines de livre sur l’histoire d’Azeroth, mais aussi sur ses créatures, ses reliefs, ses contes ; et le Tauren de montrer à l’Elfe à être plus proche de la nature, à observer le plus petit des êtres. Tant et si bien qu’ils eurent envie de repartir à l’aventure, ensemble. Il leur fallait quitter la paisible Quel’Thalas et se présenter au plus tôt au service du Chef de guerre. Sur la route qui les mena à Orgrimar, ils rencontrèrent la pupille du régent de Lune d’Argent, Lor’themar, la fille même de Vorenth’al, chef des Clairvoyants qui avaient trouvé asile dans le lumineux sanctuaire de Shattrath, offrant plus que jamais leurs pouvoirs à la lumière. Heilig, c’était son nom, avait croisé plusieurs fois Idrianne alors qu’elle n’était qu’une enfant que son valeureux père essayait de mettre à l’abri. Elle aussi avait suivi la voie de la lumière en tant que Paladin. Elle était devenu soldat au sein d’une armée qui, malgré son rattachement profond à la Horde, avait une histoire et un culte bien à elle. La jeune Elfe les mena devant les recruteurs et ils entrèrent eux aussi comme soldats dans le Bataillon des HottoCéons. L’histoire à partir de ce moment fut plutôt tranquille pour Idrianne, qui s’attacha plus que de raison à un jeune Paladin dont elle attend le retour, comme de nombreuses fois déjà. Pour Fenh, c’était bien tout autre chose qui l’attendait. Il n’était pas très sociable à son arrivée dans les troupes armées, et même si nous savons que cela allait changer sous peu, il mit du temps à connaître ceux qui partageaient son quotidien et ses batailles. Il entendit parler quelques fois d’une toute jeune druidesse aux rêves étranges, et il lui tardait de la rencontrer, de savoir ce qu’elle cachait de mystérieux. Cette rencontre survint un jour de repos au Poste de Bois-Brisé…
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