
Ysirielle, l'air maussade, ce qui est plutôt inhabituel pour la jeune elfe, s'approche lentement de son bureau. Elle effleure, pensive, une plume dont la pointe est encore tachée d'encre sechée. Celle-ci ne semble pas avoir servi depuis bien longtemps. Ysirielle s'assoit délicatement sur sa chaise recouverte de velours rouge et fixe longuement une feuille de parchemin vierge de toute écriture. La prêtresse se saisit de la plume doucement et sourit, un sourire fragile laissant paraître une certaine angoisse. L'assurance dont la jeune elfe semble faire preuve à son habitude s'est volatilisée. Une faiblesse qu'elle s'accorde parfois lorsqu'elle est loin de tous regards. Montrer ses faiblesses n'est pas digne d'une elfe de sang. Le bruit de la plume effleurant le parchemin résonne dans la pièce, Ysirelle a commencé à écrire. "Chers Céons, ce message vous est dédiés. Par les temps qui courent, nous ne pouvons plus être sûrs de rien. Le fléau tente d'étendre son emprise sur le monde et l'idée qu'il y parvienne me glace les sangs. J'essaye chaque jour de ne pas laisser paraître mon angoisse, de continuer à être optimiste et pleine d'entrain, mais l'idée de vivre cette désolation une nouvelle fois...me terrorise. J'écris ce message car je ne sais pas ce qu'il adviendra de nous dans les semaines ou les mois à venir. J'aimerai que vous sachiez qui je suis vraiment et pourquoi j'ai décidé de mener ce combat avec vous. J'aimerai qu'il reste un souvenir de moi et de ce que je suis, ne serait-ce que ce bout de papier, s'il devait m'arriver quelque chose. Je commence. *Ysirelle prends une grande inspiration, expire et reprends son écriture* Je m'appelle Ysirielle An'Dharan, ce qui signifie "Aube nouvelle" en haut elfe. Je suis née pas loin de 2000 ans après la seconde guerre et donc dans une période plutôt prospère pour les mon peuple. Nous vivions alors en autarcie quasi-complète à Quel'Thalas, n'ayant besoin d'aucun autre peuple, nous étions si confiants... Mes parents étaient tailleurs de pierres précieuses et le sont d'ailleurs toujours. C'est donc tout naturellement que j'ai également suivi cette voie. Ils rêvaient de gloire et de richesses, leur boutique était très en vue parmi la noblesse ce qui contribuait à leur monter ce rêve à la tête. De mon côté, je n'avais pas à me plaindre, je ne manquais de rien. Je passais mon temps à des activités futiles. Je papillonais à droite et à gauche en pensant que tout était acquis et que je n'aurais jamais à me soucier de mon avenir et encore moins de l'avenir du monde. Jusqu'au jour où tout à changé. Le fléau venait de commencer son ascencion vers Quel'Thalas, la citée jugée imprennable. Nous étions confiants. Avec Sylvanas aux commandes de la défense de la citée, nous ne risquions rien. Je me souviens m'être réveillée en sursaut en plein milieu de la nuit, je voyais des flammes tout autour de moi pourtant il faisait froid, très froid... Un froid glacial. Ces flammes dépourvue de chaleur semblaient être des flammes magiques mues par je ne sais quel pouvoir maléfique. Des cris hystériques me parvenaient de l'extérieur de la bâtisse, je ne comprennais pas. Je ne me souviens pas comment j'ai réussi à m'extraire de notre maison, l'instinct de survie a guidé mes pas. *Ysirelle frissonne en repensant à tout ça. Cette scène depuis toutes ces années est restée aussi vive qu'au premier jour dans son esprit* Une fois sortie, j'ai seulement commencé à réaliser ce qui se passait autour de moi. Terreur et désolation étaient les maîtres mots. Des corps mutilés par je ne sais quelle abomination gisaient sur le sol, d'autres étaient encore en feu et des gens en panique essayant d'echapper à l'inévitable...La mort. Elle les attendait pourtant avec certitude au bout du chemin. C'est là que je les aient vus pour la première fois au loin...Une armée de morts vivants, dévastant tout sur son passage. Dans un élan mêlé de peur et de volonté de survivre alors que j'étais moi-même prête à céder à la panique, j'ai rejoins une maison proche qui semblait avoir échappé en partie aux flammes. Je me souviens être restée prostrée dans le coin d'une pièce des heures ou peut-être des jours durant. J'avais perdu la notion du temps. Lorsqu'on me trouva, j'étais dans un état de choc certain. Les quelques survivants avaient organisés les secours et étaient partis à la recherche des autres survivants. Je me souviens avoir été conduite sous une espèce d'abris de fortune mais ensuite je n'ai plus aucun souvenir. Le néant. Je suis restée inconsciente je ne saurais dire combien de temps. Le choc et le soulagement de m'en être sortie m'avaient vidés de toutes mes forces. Quelques jours plus tard, mes parents me rendirent visite. Par chance, ils avaient survécus mais comme tous ici ils avaient tout perdu. Il est alors venu le temps de se reconstruire et de tenter de retrouver un sens à notre existence. Ce que j'ai fais. Je me suis ensuite jurée que tout ça ne recommencerait plus. Il était hors de question que je voie à nouveau tant de souffrance autour de moi. Je m'en voulais de mon ignorance, de ne pas avoir été capable de réagir au moment venu, d'être si faible... La magie serait mon arme, pas la magie destructrice que nous avions connu jusqu'alors, une magie faite pour aider à la survie de mon peuple. Quelques années plus tard, j'ai commencé ma formation de prêtresse avec une volonté que je n'avais encore jamais ressentie auparavant. J'essaye chaque jour de ne pas laisser libre cours à la haine et au désir de vengeance que je ressens. Je lutterais jusqu'au bout pour aider, sauver mon peuple et ceux qui me sont chers, J'y laisserai ma vie s'il le faut. Nous entrons dans une ère sombre, je suis effrayée par tout ce qui pourrait se produire. Pourtant, je veux que vous sachiez que je serais là pour vous et que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour veiller sur vous quand le besoin s'en fera sentir. Je vais maintenant redevenir l'Ysirelle que vous connaissez, l'Ysirielle pleine d'espoir et de joie de vivre. Il faut savoir profiter du moment présent et il est bon d'avoir de l'espoir. Mes amitiés les plus sincères, Ysirelle." La prêtresse signe délicatement le parchemin, pousse un soupir mêlé de soulagement et de tristesse. Elle se lève doucement, enroule son parchemin, se dirige vers la porte du bureau. Une fois la porte passée et fermée, son masque de tristesse semble s'être évanoui. Ysirielle sourit.
|